Photos © Peter E. Greutert – tous droits réservés
INTRODUCTION
Cet article est la continuité de la construction du boitier Lépine, publié dans le reportage “Boitier Lépine – Christian Gottfried Hahn”. Il est consacré au rhabillage du mouvement répétition aux quarts n°725 qui habitera le boitier.
Quelques réparations seront nécessaires pour faire fonctionner ce mouvement. La première, visible sans démontage autre que d’enlever le cadran, consistera à refaire un ressort de rappel de l’un des deux marteaux de la sonnerie. Les autres se découvriront au fil et à mesure du démontage et de l’inspection des pièces. Espérons qu’il n’y aura pas de méchante surprise…
Chapitre 1 – LES AIGUILLES
Les aiguilles étaient absentes du mouvement. Il a fallu en dénicher une paire de longueur adéquate et pourvues d’un canon et carré pouvant s’adapter au mouvement. Mission difficile, voire impossible.
J’ai fini par dénicher une paire d’aiguilles en laiton, style Breguet. Le canon et le carré ne correspondent pas : l’un est trop petit, l’autre est trop grand. Ce chapitre décrit les adaptations entreprises pour adapter le jeu d’aiguilles.
Après ajustement de la longueur il faut polir les aiguilles. Elles partiront à la galvanisation, ensemble avec le boitier, pour un placage or 18kt, 20 microns.
Chapitre 2 – DÉMONTAGE PARTIEL
Il est prudent d’enlever quelques éléments fragiles du mouvement avant d’entamer la réparation de la sonnerie. Elle peut fonctionner sans balancier ni gong, qu’il convient de déposer et mettre à l’abri.
Le reste du démontage n’interviendra qu’une fois la réparation de la sonnerie effectuée, car pour tester son fonctionnement il faut que la plupart des pièces du mouvement soient présentes sur la platine.
Chapitre 3 – LE RESSORT CASSÉ
La fabrication d’un nouveau ressort commence par l’étude de la sonnerie pour en comprendre le fonctionnement. Il faudra ensuite dessiner la nouvelle pièce avant de passer à l’usinage proprement dit. Puis viendra la phase de tests et ajustements.
21 – 23 octobre 2019 – Détermination de la fonction, forme et dessin du ressort à refaire. Il faut veiller à dessiner le ressort dans sa position détendue, c’est-à-dire quand le palpeur du râteau est en contact avec le colimaçon des quarts. Je n’y avais tout d’abord pas pensé. D’où la nécessité de modéliser également le râteau. Tout cela prend beaucoup de temps !
24 -29 octobre 2019 – Usinage du ressort dans une plaque d’acier 431. Après découpe et ajustages vient la trempe et le revenu pour redonner de la souplesse au ressort.
29 octobre 2019 – Avant d’aborder les finitions (polissages, anglages, goupille, etc) il faut s’assurer que le ressort remplit bien son rôle : envoyer le râteau palper le limaçon des quarts, sans freiner le retour lors de la sonnerie.
Chapitre 4 – DÉMONTAGE COMPLET
30 octobre 2019 – Le ressort cassé étant remplacé et le mécanisme à répétition fonctionnant à nouveau, il est temps de démonter complètement le mouvement. Chaque pièce est photographiée avant de la déposer. Ce roman-photo constituera le mode d’emploi pour remonter le tout.
Un démontage assez laborieux : pour enlever une fonction il faut souvent retourner la platine. De plus, il y a au moins trois axes goupillés, ce qui est toujours très délicat à ouvrir. L’une des goupilles était tellement petite que j’ai dû recourir au pivot d’un vieil axe de balancer pour la déloger.
À part cette difficulté, pas de mauvaises surprises à ce stade, ce qui est plutôt rassurant.
Chapitre 5 – LE NETTOYAGE
31 octobre 2019 – Le nettoyage du mouvement commence par la platine et lui rend un peu du brillant que l’action du temps a caché. Sans en dénaturer l’histoire, car point trop n’en faut.
Chapitre 6 – LE REMONTAGE
1er novembre 2019 – Toutes pièces étant propres, le remontage peut commencer. Ls roue de centre, le limaçon des quarts avec sa chaussée et le barillet sont les premiers à rejoindre la platine.
Quelques vis sont abimées et le bleu est égratigné. Un polissage et bleuissage à la flamme remédient à ce défaut.
3 novembre 2019 – LA SURPRISE !
Journée de réparation de l’arrêtage. Une intervention précédente a privé le mouvement de son arrêtage. Ce système limite le remontage du ressort de barillet à quatre tours, prolongeant ainsi sa vie et veillant à ce qu’il fournisse toujours une force suffisante à la fin. L’horloger d’alors a probablement voulu gagner – sur les ordres de son client ou de sa propre initiative – quelques heures de marche. Au détriment de la fiabilité.
Le mécanisme est du type Breguet. Il a fallu recréer la pièce manquante. Découpe d’acier, brasage, limages et polissages ont rajouté la partie manquante à la pièce d’origine.
4 au 14 novembre 2019
MODE “GRUMBLE ON”
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MODE “GRUMBLE OFF”
14 novembre 2019 – Le remontage de la montre est achevé. Les vis bleues d’origine ont été polies et bleuies à nouveau. Les plus abimées des autres vis ont également été polies.
Plusieurs défauts sont apparus en cours de remontage. Ils ont requis des interventions non prévues :
– le dernier pignon du train de roues de la répétition est absent. Son axe est sur un excentrique qui sert à ajuster la vitesse de la sonnerie. Tailler un pignon fera partie d’un nouveau projet, car pour l’instant j’ai pu régler la vitesse autrement.
– le ressort du barillet de mouvement est usé, il faut le remplacer.
– la vis du pont de centre est trop grande et appuie en porte-à-faux. Il faut la modifier.
– les quatre roues du train de répétition sont revêtues d’un vernis, qui se dissout par plaques à chaque lavage. Un brossage au blanc de Meudon a raison de ce traitement de surface récalcitrant.
– un pivot de roue du train de répétition est tordu, ce qui fausse la bonne. Il faut le redresser.
16 novembre 2019 – L’échappement de cette montre est très intéressant. Il s’agitait d’un échappement regroupant des caractéristiques de l’échappement Robert Robin (horloger du roi Louis XVI, 1742-1799) et de l’échappement anglais libre inventé par Thomas Mudge (1715-1794). Information cernée avec l’aide aimable d’un membre du forum Usinages.
19 novembre 2019 – Prise de quelques photos pour découvrir le fonctionnement de cet échappement, dont je n’ai trouvé aucun schéma sur internet. On remarquera la fourchette de l’ancre, constituée par les deux goupilles en laiton, ainsi que la cheville, solidaire de l’axe du balancier. La dernière photo montre comment ces deux éléments interagissent. La fonction de la goupille plate, circulant dans la gorge du “plateau” est probablement liée avec une fonction anti-renversement.
20 novembre 2019 – Journée d’investigations pour tenter de comprendre le fonctionnement de cet échappement Mudge-Robin-Hahn. Chose faite, C.Q.F.D.
22 novembre 2019 – En attendant l’arrivée d’un nouveau ressort, voici deux photos du boitier au retour du galvaniseur : placage or 18kt à 20 microns et flash de finition à 24kt.
27 novembre 2019 – Le nouveau ressort est arrivé. Il est bien plus vif que l’ancien, fatigué, qui rejoint la boite des pièces d’origine.
28 – 30 novembre 2019 – Il faut refaire l’arrêtage Breguet. La brasure a détrempé la pièce et le polissage a aminci l’ensemble et trop arrondi les angles. Conséquence : la pièce à bosse avait du jeu sur le carré de la bonde et en fin de course elle se coinçait sous l’arrêtage.
30 novembre 2019 – Le mouvement est emboité ! Il faudra encore procéder à quelques ajustements sur la sonnerie des quarts, mais sinon tout fonctionne bien. C’est pourquoi le cadran et les aiguilles ne sont pas encore montés.
On s’approche de la fin du projet…
2 décembre 2019 – Ajustage de l’arrêt Breguet pour permettre quatre tours entiers de remontage à 19h45. On verra demain combien aura duré sa réserve de marche.
L’ouverture du couvercle cache-poussière demandait également une modification – sur la carrure – de la petite échancrure pour atteindre le verrou du couvercle.
Réglages des timbres et du mécanisme de répétition, avec graissage du poussoir. Il faudra peut-être lubrifier certains axes, les râteaux, tout-ou-rien et étoile des heures ne se déplaçant pas librement.
J’ai également cherché dans mon stock des aiguilles Breguet bleues, mais n’ai rien trouvé. La montre devra pour l’instant se contenter des aiguilles dorés.
3 décembre 2019 – Nouvelle panne, grrr ! Le ressort de rappel du levier “tout-ou-rien” s’est brisé, sans que je m’en aperçoive. Il est responsable du non-fonctionnement de la sonnerie. Il faudra le refaire, en faisant attention de ne pas reproduire les angles aigus entre la lame du ressort et sa tête de fixation. À mon humble avis – pardon M. Hahn – c’est un défaut de conception (= rupture en point de flexion), qui heureusement ne s’est révélé que 200 ans plus tard…
Cet imprévu, de pair avec l’absence du pignon régulateur de sonnerie, place le projet en veille provisoire et en décale l’achèvement à une date ultérieure.
Chapitre 7 – FINALE
à suivre (plus longtemps) …