Un splendide mouvement signé “Louis Leroy & Cie Paris“, basé sur une ébauche Lecoultre calibre 20. L’axe de balancier est brisé et l’aiguille du chronographe ne revient pas à zéro. Elle a connu des jours meilleurs et est maintenant toute tordue…
Ci-dessus l’aiguille a été redressée avec toute la prudence requise pour ne pas la casser.
Autre réparation en perspective : l’axe de balancier, auquel il manque un pivot.
En attendant le démontage de cette pièce complexe, un peu de lecture sur la longue et riche histoire Louis Leroy
L’histoire de la maison Leroy est le fruit d’une succession d’individus géniaux qui marquèrent l’horlogerie de manière ininterrompue depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours.
1. Le démontage
Le mouvement porte le numéro 9246. Les vis sont en très bon état, ce qui est rare. On trouve de la graisse aux endroits qui doivent en être pourvus, mais il n’y a plus d’huile dans les huiliers des pivots d’axe. Le dessous du cadran émaillé révèle que le mouvement est relativement propre et bien préservé.
Le pivot de l’axe du balancier est cassé et requiert la fabrication d’un nouvel axe.
Il est intéressant de noter que ce mouvement Louis Leroy semble identique à celui emboité dans la montre “Les Fils de Favre Heinrich” (voir reportage ici). Les deux semblent provenir de la même ébauche, un mouvement Lecoultre calibre 20.
Cependant quelques différences témoignent de leur achevage différent. Sur le mouvement Louis Leroy Paris :
- Il n’y a pas de contre-pivot sur la roue d’ancre
- Les vis de pont ne sont pas bleuies
- Il n’y a pas de rubis sur l’axe de rotation du levier d’embrayage. Rubis qui ne sert à rien, à part à la décoration.
- Le barillet contient une bride assurant l’accroche du ressort.
On peut ainsi affirmer que la finition du mouvement Leroy est moins soignée que celui de la montre “Les Fils de Favre-Heinrich”, mais résout un problème technique sur le barillet.
Cent trente-cinq pièces d’horlogerie dans l’attente du bain.
2. Réparations / améliorations
Tournage d’un axe de balancier
L’axe du balancier doit être remplacé. Il faut commencer par l’extraire du balancier. Avant cela il convient de repérer de la position du spiral et du plateau.
Galerie de photographies détaillant le processus de fabrication d’un axe. Chaque photo est commentée.
Le balancier, le spiral et le plateau sont remontés sur le nouvel axe. Un petit bain et hop, observez les deux jolis pivots !
Le Cimetière ou Jardin du Souvenir. C’est ici que finissent les pièces de rebut. A gauche l’axe original du mouvement Leroy, accompagné des deux tentatives qui ont échoué au dernier moment. Le gros axe appartenait à une potence à compter les spiraux Luthy.
Traitement thermique des vis
Les vis des ponts seront bleuies pendant la phase de remontage. La préparation de diamantine fine pour polir les têtes de vis est essentielle.
Au final : de belles vis bleu roi sur une belle platine dorée !
3. Le nettoyage
C’est en ouvrant le barillet que j’ai découvert le système astucieux qui prévient le décrochage du ressort. La dernière spire passe derrière cette languette, qui maintient ainsi l’extrémité du ressort bien plaquée contre le bord du barillet, donc bien accrochée, quel que soit le nombre de tours de remontage. J’ai rencontré ce problème avec le mouvement de la montre “Les Fils de Favre Heinrich“, dont le ressort perdait rapidement l’accroche lors du remontage.
La platine et les ponts ont retrouvé une belle couleur.
Une deuxième journée de nettoyages sera nécessaire pour venir à bout des cent trente-cinq pièces du mouvement.
4. Le remontage
Gros plan sur les marques de fabricant : L. Leroy & Cie sur la platine …
… et Lecoultre & Co sous le pont de barillet.
Une nouvelle vie commence pour le mouvement. Tic-tac, tic-tac, tic-tac, le balancier a repris vie après son opération à coeur ouvert.
La panne !
Grrrr, une grosse panne que je n’avais pas vue : 8 dents du barillet avaient été écrasées (quand ? comment ? marteau ? le gougnaffier de service ???) et la roue de centre ne pouvait plus engrèner ! Il a fallu re-démonter…
Après la réparation inattendue, c’est au tour de la fonction chronographe d’être remontée sur le calibre. L’ensemble s’assemble presque sans soucis et le petit mélange que j’ai fait plus tôt en renversant les paniers de nettoyage n’a pas prêté à conséquence.
Suite au contrôle du déclenchement du chrono, de son arrêt et de sa remise à zéro, c’est la mise en place sur la face cadran des derniers rouages.
La pose du cadran et des aiguilles viennent compléter ce projet plein de surprises et de défis.
5. Photos finales
La suite de ce projet en deux étapes se déroulera en avril, avec l’emboitage du mouvement dans une carrure d’accueil.
* * *