De longues années de pratique horlogère se sont écoulées avant que je n’acquière cet outil. Le besoin impératif ne s’est manifesté qu’à l’occasion d’un projet de rhabillage récent (voir ici), dans lequel je me suis vu confronté à une roue dentée ovale.

Il fallait en rectifier les dents pour que la roue retrouve sa rondeur et c’est à ça que sert la machine à arrondir.

106. Indispensabilité de la machine à arrondir
Nous considérons cet outil comme indispensable dans tout atelier de réparation d’horlogerie bien organisé.
– L’Horloger à l’Établi, W. Schultz – Charles Gros, p.59

Cette machine du début du 19e siècle a attiré mon attention par sa beauté, son état satisfaisant et la présence d’un tiroir d’accessoires bien fourni. L’inventaire réserva bien des surprises, nous en reparlerons . Ce qui la rend particulière est la présence d’une poignée et d’une roue en ivoire, ainsi qu’une poignée en bois d’ébène.

Avant la mise en service sur le projet de rhabillage mentionné ci-dessus il a fallu tout démonter et de nettoyer. La rouille a fait son apparition sur les pièces en acier et beaucoup de pièces en laiton ont perdu leur protection. C’est également une bonne méthode pour apprivoiser une machine nouvelle et en comprendre le fonctionnement.

Quelques étapes lors du démontage et du nettoyage.

Après le nettoyage vient le réassemblage des éléments. J’ai décapé et poli les pièces en laiton les plus abîmées. Une couche de laque Zapon les protège dorénavant de l’oxydation. Les pièces en acier ont été dérouillées et polies. La poulie et la poignée en ivoire ont reçu une attention particulière : elles ont été soigneusement lavées à l’eau savonneuse, puis passées aux ultrasons pour les débarrasser de la crasse qui s’était accumulée dans les fentes.

Après le remontage je me suis affairé à restaurer les accessoires du tiroir : fraises, porte-fraises, broches et tasseaux. Ces derniers se sont révélés n’être pas d’origine, mais ajoutés ultérieurement pour compléter le tiroir en vue de la vente de la machine. Or ces tasseaux ne pouvaient se monter sur la broche du fait de leur diamètre intérieur trop petit. J’ai donc dû tous les re-percer pour les adapter.

Un autre problème est apparu lors de la restauration des guides de fraise Carpano. L’un d’entre eux présentait une vis cassée, impossible à extraire car brisée à fleur de trou. Il a fallu faire appel aux bonnes vieilles recettes de sorcière pour dissoudre la vis et la remplacer par une neuve.

Le tiroir d’accessoires, complet et remis en état, avec ses 18 fraises Carpano anciennes, leurs deux guides supplémentaires, 8 fraises récentes avec guide intégé, 4 broches et 18 tasseaux.

La machine à arrondir a retrouvé sa splendeur d’antan, tout en conservant quelques traces de son histoire.

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