Photos & vidéos © Peter E. Greutert – tous droits réservés

Dernière mise à jour : 24 février 2021

Une fois n’est pas coutume ! Cette pendulette a atterri à l’improviste sur mon établi : elle requiert des soins d’urgence. Survivante d’un autre temps elle a cette rare chance de ne pas avoir été oubliée, pour renaitre bientôt au son de son tic-tac rassurant et accompagner ses humains, de génération en génération.

Fabriquée dans le Jura à Morbier dans les années 1940, elle témoigne de l’histoire de la Manufacture d’Horlogerie Girod. Voir ici les photographies et le texte sur le site PATRIMOINE en Bourgogne-Franche-Comté.

La pendulette est équipée d’un carillon Westminster, qui sonne les quarts, la demie, les trois-quarts et l’heure. L’ensemble est hélas à l’arrêt. Le rhabillage doit y remédier.

Le rhabillage inclut :

• démontage et inspection des pièces,
• dérouillage, nettoyage par bains spéciaux et ultrasons,
• remontage, huilage et réglages,
• réparation de la charnière de lunette,
• réparation de la fixation du mouvement au boitier.

À l’intérieur de l’imposant boitier, qui fait caisse de résonnance, on trouve le mouvement Girod, fabriqué en France, n° 89471

Après dépose du mouvement quelques gros plans permettent d’admirer la beauté sobre de ce mouvement à échappement à ancre, rubis et sonnerie 5 tons.

Chapitre 1 – DÉMONTAGE

9 février 2021 – Dépose et démontage
Le mouvement est vissé au fond du boitier. Sa sortie, après dépose des aiguilles, requiert beaucoup de doigté pour le dégager des gongs de la sonnerie.

Quelques étapes du grand démontage, qui commence par la séparation des marteaux de sonnerie d’avec le reste du mouvement.

L’extraction du limaçon des quarts, chassé sur l’axe de la roue de centre (=minutes) requiert des leviers spéciaux.

Plus de 100 pièces, certaines encore assemblées en sous-groupes, attendent le grand bain, qu’elles n’ont probablement jamais vu depuis leur création.

Chapitre 2 – NETTOYAGE

11 février 2021 – Début du nettoyage
Plus de 100 pièces sont examinées à la lunette binoculaire pour en analyser l’état et y remédier si nécessaire. Notamment les constats de rouille, de saleté, de finitions hasardeuses (pignons pas ébavurés) et vis dont la fente est souvent maltraitée.

Puis le bain aux ultrasons débarrasse les pièces de tout ce qu’il faut pour les rendre propres et éclaircies. Rinçage, séchage et inspection finale complètent ce travail.

Chapitre 3 – REMONTAGE & REPARATIONS

13 février 2021 – Début du remontage
C’est un grand puzzle qu’il s’agit de ré-assembler. C’est maintenant que les photos prises pas à pas lors du démontage vont être très utiles. En partant de la dernière photo on repère aisément les premières pièces à remonter, ainsi que leurs positions.

C’est l’assemblage des trois barillets qui marque le début de cette étape. Les ressorts sont graissés, remontés, les bondes insérées, les axes graissés et les couvercles reposés. Chaque couvercle est identifié par un marquage qui évite de mélanger les pièces.

14 -15 février 2021 – Assemblage du train de roues
La platine a retrouvé tous ses rouages, ainsi que ses trois barillets. Il a été particulièrement difficile de nettoyer les pignons des rouages, au fond des ailettes desquels des traces de graisse figée ont été très difficiles à enlever, malgré le bain aux ultra-sons.

Poser le pont des rouages est un exercice plein de patience : il s’agit d’aligner ensemble dans leurs trous pas moins de 18 pivots et piliers !

Le remontage n’est pas sans surprises, tels ces résidus de graisse déjà mentionnés. Ils sont particulièrement étranges en un endroit comme celui-ci, sur le pignon de roue d’échappement. C’est au bois de fusain taillé en pointe qu’il faut gratter toute la saleté qui a résisté aux ultra-sons.

Le porte-échappement se monte à part. La roue d’échappement et les palettes d’ancre reçoivent un apprêt d’épilame, destiné à éviter les fuites d’huile par projection. Les pivot de roue d’échappement et de balancier sont huilés avec une huile synthétique appropriée.

Pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles, le mouvement repart (video) et bat la mesure de son tic-tac rassurant..

16 février 2021 – Assemblage du carillon
Cette pendulette sonne les quarts d’heure, les demies et les trois-quart sur quatre tons, avant de décompter le nombre d’heures avec 2 tons graves.

Repositionner correctement les leviers actionnant le carillon n’est pas chose aisée. Tout doit sonner exactement au bon moment, dans l’ordre et avec bon nombre de coups. Un seul levier mal posé et c’est la mécanique entière qui s’enraie !

17 – 23 février 2021 – Réglage du carillon
Il faudra quelques jours d’observation et corrections pour que tout fonctionne en harmonie. Réglage du nombre de coups sonnés, alignement des marteaux et positionnement des gongs dans le boitier ne sont que quelques-uns des nombreux ajustements requis. Cette dernière étape est très chronophage !

24 février 2021 – Réparation
Il manque la moitié de la charnière de lunette. Refaire la pièce manquante est donc la solution. Une feuille de laiton de 1mm, quelques tubes, un peu de savoir-faire patient pour ajuster et assembler le tout. Mission accomplie !

Chapitre 4 – PHOTOS FINALES

17 février 2021 – La ligne droite de l’arrivée
Le mouvement est maintenant presque terminé, après une journée d’ajustages des rouages pilotant le carillon. Il ne manque plus que le boitier et la lunette, tous deux à réparer.

L’emboitage ne se fera que dans quelques jours, le temps d’observer le fonctionnement irréprochable du mouvement.

Les deux photographies ci-dessous permettent de mieux apprécier l’intérieur de ce mouvement. Pas moins de 20 axes de rouages y sont logés, chacun ayant un rôle bien précis dans le fonctionnement de l’ensemble. Ils doivent être positionnés précisément les uns par rapport aux autres, faute de quoi rien ne marche !

23 – 24 février 2021 – La video du carillon Westminster
Son et image sur la sonnerie du quart d’heure, de la demie, des trois quarts et quatre quarts, suivis immédiatement par les heures : il est 5 heures ! Il était important d’enregistrer cette séquence, car une fois emboité, ce mécanisme complexe n’est plus visible, caché par le cadran sur le boitier. Seul le jeu des marteaux pourra être observé, par la trappe de visite à l’arrière du boitier.

Le son sur l’établi est médiocre, ce qui est normal. Car c’est le rôle du boitier d’amplifier les vibrations des gongs. Ce que la fin du film montre avec brio. La pendulette sonne 9 heures du soir : il est grand temps de fermer l’atelier pour aujourd’hui !

24 février 2021 – Le rhabillage est terminé
Après l’emboitage du mouvement et la réparation de la charnière de lunette le projet est terminé. La pendulette fonctionne à nouveau à perfection et le son du carillon Westminster est magnifique.

* * *