1. L’Histoire

Sur l’établi de l’Atelier un garde-temps fort intéressant : la montre de gousset chronographe rattrapante à Poinçon Tête de Vipère signée “Louis Leroy n°8692”.

Charles Faroux

Charles_Faroux_(à_'L'Auto',_1905)Cette montre fut donnée en cadeau à “l’Apôtre” Charles Faroux le 14 octobre 1911 par les concurrents reconnaissants du Grand Prix des Voitures Légères. Elle est signée des noms prestigieux de constructeurs tels que Delage, Peugeot, Sunbeam, Vauxhall et bien d’autres.

1923Lemans

Charles Faroux est un ingénieur automobile et journaliste français,  créateur des 24 Heures du Mans en 1923.

“Journaliste à La Vie Automobile et à Très Sport après être passé par La Vie au grand air, Charles Faroux a l’idée de créer une nouvelle course automobile avec Georges Durand, secrétaire général de l’ACO (Automobile Club de l’Ouest), Édouard Coquille, industriel, dirigeant de Rudge-Witworth et Géo Lefèvre, journaliste sportif. La première édition du “Grand Prix d’Endurance de 24 heures – Coupe Rudge-Whitworth” a lieu les 26 et 27 mai 1923.

Charles Faroux dirige la course des 24 Heures du Mans de 1923 à 1956 ; par ailleurs, il préside l’association des journalistes sportifs (AJS) de 1920 à 1957. Il est aussi directeur de course avant guerre du Rallye Monte-Carlo.”
Source : Wikipedia

Le grand Prix des Voitures Légères 1911

COUPE DES VOITURES LEGERES DE ” L’AUTO ” 1911 – Grand Prix de Boulogne (Pas-de-Calais) – Samedi 25 juin 1911.
12 tours du nouveau circuit de Boulogne constitué par un triangle de 51,984 km au tour, soit 623,808 km, situé à l’est de Boulogne et partant de la fourche de Saint-Martin, la Capelle, Colembert, Brunembert et Desvres.

Voici les résultats de cette 7ème Coupe des voiturettes 1911 :

1er – Paul BABLOT sur Delage, moyenne 88,500 km/h.
2ème – Georges BOILLOT sur Peugeot,
3ème – René THOMAS sur Delage,
4ème – Albert GUYOT sur Delage,
5ème – PORPORATO sur Grégoire,
6ème – BURGESS sur Calthorpe,
7ème – REID sur Arrol-Johnston,
8ème – de RESTA sur Arrol-Johnston,
9ème – de MARNE sur Grégoire,
10ème – de VERE sur Côte,
11ème – de WOELMONT sur Excelsior,
12ème – HODGE sur Arrol-Johnston,
13ème – MATHIS sur Mathis (dernier classé).
Il y avait 44 engagés, 31 partants en 11 marques et 13 arrivants.

Arrivée du vainqueur, Paul Bablot sur Delage n°10

Concours de chronométrie de Besançon en 1910-1911

Le chronomètre Louis Leroy Cie 8692 a participé au concours de chronométrie de Besançon en 1910 – 1911. Il a obtenu le 5e Prix de l’Automobile Club de France avec 212.4 points, à l’aide de son régleur Monsieur Quélos.

L’une des conditions d’admission pour le concours stipulait que la montre devait être présentée dans un boitier en argent. On peut en conclure qu’à l’issue du concours ce mouvement n°8692 a été ré-emboité dans son boitier actuel en or, gravé pour l’occasion du Grand Prix de Voitures Légères de 1911

Le mouvement porte fièrement le poinçon Tête de Vipère de l’Observatoire de Besançon.  Il s’applique sur les garde temps méritants, ceux qui répondent parfaitement aux épreuves de précision et de stabilité du service chronométrique. Il prouve la haute qualité métrologique d’une montre, véhicule une idée d’excellence et reconnaît un travail parfait.

La Vipère ou le Poinçon de l’Excellence, article consultable ici sur le site de la Ville de Besançon.

2. Description

Le boitier de la montre est en or 18k, ainsi que l’attestent plusieurs poinçons “tête de cheval”.

Le balancier peut être arrêté depuis l’extérieur, permettant ainsi une grande précision pour la mise à l’heure de la monte au signal du “top horaire”.

À la fonction chronographe avec totalisateur de 60 minutes s’ajoute une complication additionnelle : une deuxième aiguille centrale pour la mesure du temps intermédiaire.

La montre présente quelques dégats qui demandent à être réparés. Le premier concerne l’ancre, dont un pivot d’axe est cassé.


Le second défaut est situé sur le balancier, plus précisément sur le plateau dont la cheville a été déplacée. Probablement lors du choc qui a brisé le pivot d’axe de l’ancre.

3. Le démontage

Le mouvement sort par l’avant de la carrure. Une longue vis retenait le remontoir en place. Il a fallu la sortir entièrement pour libérer la tige de remontoir.

La suite du démontage ne présente rien de particulier, hormis la disposition inhabituelle de certains éléments du calibre.

144 pièces prêtes pour le nettoyage.

4. Le nettoyage

Nettoyage traditionnel des pièces du mouvement, aux ultrasons et à la laveuse par rotation. Toutes les pièces sont séchées à l’air chaud.

Les platines et ponts reçoivent un traitement spécial destiné à raviver leur éclat.

Chronographe Leroy N°8692

5. Réparations

La cheville du plateau

La cheville a été poussée en direction du balancier. Pour la repositionner il faut démonter l’ensemble.

La réparation de la cheville est terminée !

L’axe de l’ancre

Le pivot supérieur de l’axe d’ancre est brisé. L’axe se dévisse de l’ancre. Je cherche d’abord une pièce de remplacement. À défaut de trouver ce sera une opération beaucoup plus délicate : percer l’extrémité à 0.10mm pour y chasser un bout d’acier trempé, puis tourner un nouveau pivot, ce qui n’est pas gagné d’avance !

Décision est prise de tourner un nouvel axe. Ce sera plus rapide et le résultat ne dépendra pas d’une recherche aléatoire aux résultats incertains.

Hélas l’ancre s’est également brisée en démontant l’ancien axe. Une micro-fissure crée lors du choc qui a brisé l’axe en est probablement la cause. Cela retarde beaucoup le projet, car il faut trouver les outils pour réaliser une micro-soudure à l’argent.

Réparation terminée ! L’ancre en position pour les contrôles finaux.

6. Le remontage

Un remontage pièce par pièce, en commençant par l’ensemble barillet, ressort et Croix de Malte.

Ici s’insère une longue pause dans le remontage pour effectuer les réparations du mouvement. Voir le paragraphe 5 Réparations ci-dessus.

Reprise du rhabillage après les réparations ! Remontage du train de roues, contrôle des ébats et huilages. L’ancre fonctionne à nouveau bien.

Quelques photos avant / après. Le constat est toujours saisissant !

Le mouvement complet en marche !

La fonction rattrapante

La roue de rattrapante (RR) est ici bloquée par la brucelle. Le coeur de “remise à zéro” au centre est solidaire de la roue de chronographe (RC) située en dessous et continue de tourner. Il arme un palpeur à roulette sur la RR. Sitôt celle-ci libérée le coeur et le palpeur vont remettre la RR dans la même position que la RC.

7. Photos finales





8. Variations



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